ADOPTION ILLÉGALE
MOTS-CLÉS.
L'HISTOIRE
Le 6 août 1967, ma mère, âgée de 23 ans, vivant en suisse, a mis au monde à la maternité Catholique
de Cambrai une fille qui porta les prénoms de …. C’est ma sœur aînée.
Ma mère était dans la communauté des religieuses de cette maternité depuis plusieurs mois, envoyée
par sa famille. En effet, elle se trouvait dans une situation délicate : le père de l’enfant qu’elle portait
était un capucin, qu’elle avait connu et fréquenté à Sion (Suisse) où elle habitait.
Lorsque sa famille s’est rendu compte qu’elle était enceinte, elle l’avait envoyée
à Cambrai. Une de ses tantes, religieuse, connaissait la Mère supérieure et directrice de cette maternité et savait qu’elle
avait l’habitude de « régler ce genre de problèmes ». Mon père, de son côté, fut écarté pendant cette période-là
par ses supérieurs, vraisemblablement envoyé en Italie dans une autre congrégation. La famille et les milieux ecclésiastiques
voulaient à tout prix que cela ne se sache pas …
C’est donc dans cette ambiance là que ma mère a débarqué à Cambrai, seule, pour y finir
sa grossesse à l’abri des regards. Elle ignorait totalement ce qui se tramait et où se trouvait mon père.
C’est là que, vous l’aurez deviné, l’histoire bascule.
Aucune religieuse n’avouera l’avoir côtoyée, ni même vue une seule fois. C’est
la stupeur. Elle tente des démarches judiciaires. Malgré les perquisitions et des interrogatoires, rien ne perce. C’est
le mur.
Les sœurs de la communauté ont même juré sur la Sainte-Croix, sur l’ordre de leur Mère supérieure, n’avoir jamais vu cette femme. Les recherches légales se sont
donc arrêtées pratiquement là où elles avaient commencé, par absence d’éléments.
Ma mère est alors rentrée sans sa fille en Suisse, et apparemment sans espoir de retrouver sa
trace.
(…)
Grâce à la mobilisation d’un réseau de connaissances dans le Nord, [nous avons retrouvé
ma sœur].
Mes parents ont essayé à plusieurs reprises d’entrer en contact avec les parents adoptifs,
mais sans succès. Ceux-ci étaient totalement fermés et n’ont pas été avares en menaces de poursuites pénales …
(….)
Aujourd’hui avec ma sœur, les contacts sont toujours impossibles, car deux versions
de l’histoire s’opposent. D’un côté, ce que vous venez de lire; de l’autre, celle d’une jeune
femme écartée du droit chemin, ayant accouché sous X, abandonné l’enfant et, par la suite, regretté son acte et essayé
de récupérer l’enfant, heureusement recueilli entre temps par une charitable famille chrétienne.
(...)
Mon but (ceci est un résumé du texte de Raphaël…) :
1 - c’est d’abord un devoir de mémoire familiale (le temps asse et, qui sait dans
quelques années, elle pourrait bien avoir envie enfin s’attaquer à ce récit : il ne faut pas que tout soit effacé
par le temps)
2- je cherche à recouper cette histoire avec d’autres du même genre.
Raphaël
Lire l'histoire complète sur http://perso.wanadoo.fr/dauphine/adonx/raphael.htm
ANALYSE.
Dans son dictionnaire de droit, sous l'entrée PREUVES, Jean-Paul
Doucet évoque un jugement récent en matière de prescription:
Cass.crim. 17 décembre 2002 (Bull.crim. n° 233 p.851) : Le point de départ de la prescription du délit d’altération de preuves,
en vue de faire obstacle à la manifestation de la vérité, doit être fixé au jour où le délit est apparu et a pu être constaté
dans des conditions permettant l’exercice de l’action publique.
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